Enseignement
La formation professionnelle au Maroc de plus en plus prisée
2 066 établissements de formation professionnelle sont opérationnels, dont 1 578 privés. Lensemble totalise 345 730 inscrits. Le privé connaît un envol : 40?026 lauréats en 2009-2010. Le commerce et la gestion se taillent la part du lion.
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Le secteur de la formation professionnelle (FP) enregistre un développement prodigieux, tant au niveau de la capacité d’accueil qu’au niveau des effectifs des stagiaires. C’est dire que le marché du travail en est très demandeur, et que la FP, qu’elle soit publique ou privée, n’est plus une panacée pour les ratés de l’enseignement classique. Elle devient une composante essentielle de la formation, et ce, dans tous les domaines.
Sur le plan quantitatif, d’abord, on comptabilise quelque 90 établissements, dont 75 appartenant au secteur privé, qui ont ouvert en 2010, ce qui porte le nombre global des établissements de formation professionnelle à 2 066. Le secteur privé se taille la part du lion puisqu’il compte exactement 1?578 établissements. Normal, les chantiers en cours au Maroc sont pléthoriques, et tous demandent pour accompagner leur évolution des compétences, opérationnelles sur le champ?: plan de développement intégré du secteur industriel, Plan vert, hôtellerie, pêche maritime, technologies de l’information et de la communication (TIC), bâtiments, transport et logistique, cinéma et audiovisuel…
Résultat : l’effectif des stagiaires est en constante augmentation, avec 15% de plus en 2010-2011 par rapport à l’année scolaire d’avant, soit un total de 345 730 stagiaires. Il va sans dire que l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) assure la formation de 61% de l’effectif global des stagiaires, soit 210 760 en 2010-2011(voir tableau répartition des stagiaires). L’encadrement technico-pédagogique, quant à lui, suit la même courbe ascendante : 17 286 formatrices et formateurs qui exercent dans le secteur en 2010-2011. 63% de l’effectif global des formateurs sont des permanents, et ce taux atteint 98% à l’OFPPT contre 43% dans le secteur privé.
Développement de la formation dans le milieu de travail
Deux modes de formation ont été développés, à savoir la formation par apprentissage et la formation alternée. Le premier mode a été institué en 2000 par le ministère en charge de la FP, en partenariat avec les entreprises, les chambres et organisations professionnelles et quelques ONG. L’effectif global de ceux qui ont bénéficié de cette formation jusqu’à 2010 dépasse 135 000 (plus de 18 000 en 2010) dans des domaines aussi variés que l’agriculture, l’artisanat, le bâtiment, la pêche maritime, l’hôtellerie/restauration, le textile/habillement/cuir, l’éducation et le travail social. L’effectif des apprentis en formation au titre de 2010/2011 qui a atteint 33?620 dont 9 035 (soit 27% de l’effectif global) sont issus des quartiers et communes cibles de l’INDH.
Quant à la formation professionnelle alternée, elle a atteint, au titre de 2009/2010, 35 818 stagiaires. Ceci dit, pour mieux optimiser les capacités dans le secteur et produire des compétences à la mesure des attentes du marché du travail, le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle (MEFP) a développé ce qu’il appelle les Centres sectoriels de formation (CSF). Ces derniers ont été créés en partenariat avec les entreprises, et, le cas échéant, avec le financement d’organismes étrangers. Dans ce cadre, le Maroc et l’AFD (Agence française de développement) ont conclu, en avril 2008, une convention de financement (avec une contribution de l’AFD de 22,5 millions d’euros) pour la création et la réhabilitation de quelques établissements sectoriels de formation professionnelle dans huit secteurs économiques présentant un fort potentiel en matière de création d’emplois et en termes de valeur ajoutée. La gestion de ces nouveaux établissements sectoriels a été déléguée à des sociétés privée, dans lesquelles sont représentées les organisations professionnelles concernées. L’objectif était d’accompagner le Pacte national pour l’émergence industrielle (2009-2015) et la stratégie Maroc Numéric (2009-2013). Pour ce faire, le département de la Formation professionnelle a réalisé, en juin 2010, avec l’appui de la Banque islamique de développement (BID), l’étude d’élaboration du plan de formation pour les secteurs de l’Offshoring et des TIC. Les besoins en lauréats identifiés pour ces deux secteurs, à l’horizon 2015, s’élèvent à 61 738.
Dans ce tableau général, la formation professionnelle privée a également pris son envol depuis une dizaine d’années, soit depuis l’institution des accréditations et la reconnaissance de ses diplômes par l’Etat. Les chiffres sont éloquents : l’on compte au titre de l’année 2009/2010 1 667 établissements privés de formation professionnelle, dont 30 centres de formation par apprentissage dépendant des associations professionnelles et 59 centres de formation par apprentissage au sein des entreprises ; 80 608 stagiaires et 40 026 lauréats en 2009-2010. Ils sont dans tous les domaines : l’administration, la gestion et le commerce en tête, avec 25 257 stagiaires (91,36% des effectifs dans ce secteur sont formés dans le privé), suivis du domaine de la coiffure et de l’esthétique avec 15 605 stagiaires.
Au titre de l’année 2009-2010 (derniers chiffres officiels du ministère de tutelle), 75 Etablissements de formation professionnelle privée (EFPP) ont reçu l’autorisation pour une capacité d’accueil de 3 366 places pédagogiques. Le montant global de l’investissement est estimé à 39 MDH, ce qui représente un investissement moyen par EFPP de plus de 515 000 DH. En termes d’emplois, cela a généré 512 nouveaux postes, dont plus de 284 permanents. Quant aux accréditations, l’année 2010 a connu la huitième opération d’accréditation des EFPP. 134 l’ont obtenue.
Qu’elle soit privée ou publique, la formation professionnelle, à l’instar de l’enseignement, a eu aussi son plan d’urgence pour corriger certaines imperfections, combler les carences et mieux accompagner les grands projets du gouvernement. Deux ans après le lancement de ce plan, qui s’étale jusqu’en 2012, le ministère de Jamal Rhmani juge le bilan satisfaisant : de nouveaux instituts sont créés, d’autres sont en train de l’être. Notons que dans le cadre de ce plan, le département de la formation professionnelle accompagne et suit la mise en œuvre du Pacte national pour l’émergence industrielle par la construction d’instituts de formation dédiés aux métiers de l’offshoring, de la production automobile, de l’aéronautique, de l’électronique, du textile, du cuir et de l’agroalimentaire, et aussi par l’élaboration de plans de formation adaptés à leurs spécificités. Pour ce Pacte, le MEFP et le ministère chargé de l’Enseignement s’associent pour mettre sur le marché 220?000 lauréats à l’horizon 2015.
La formation professionnelle a aussi son plan d’urgence
Autre objectif, déjà réalisé, de ce plan d’urgence : la création d’un centre de formation aux métiers de l’automobile à Tanger. Sa construction a nécessité un investissement de 85millions DH, et c’est le premier d’une série de quatre centres de formation. Il a été inauguré le 22 mars 2011 sur le site de l’usine Renault Tanger-Méditerranée. L’ouverture des instituts de formation à ces métiers pour Casablanca et Tanger est prévue pour la fin 2011 et en 2012 pour Kénitra, avec un coût global de 250 millions DH. Ce même plan prévoit la formation de 67 000 lauréats du secteur de l’hôtellerie, formation qui passe par l’extension et l’optimisation de la capacité d’accueil des établissements existants, la promotion de l’investissement privé (26 établissements privés agréés entre 2008 et 2010) et le développement de centres de formation par apprentissage par les entreprises œuvrant dans le secteur.
Maroc Vert et le secteur de l’artisanat ont enfin une place de choix. Pour le premier, on a prévu la création de sept centres de formation par apprentissage pour un investissement global de 140 millions de DH, d’un SEGMA (Services de l’Etat gérés de manière autonome) par bassin agricole, et l’extension de six centres de formation existants. Le second envisage de mettre sur le marché du travail 51 000 lauréats. 25 des 100 licences professionnelles, dont la mise en place est programmée en partenariat avec les universités, ont déjà vu le jour en 2008-2009.